La liberté, qu’est-ce que c’est ?

Quand je suis partie pour un tour de la planète fin 2019, j’ai voulu y associer un thème. J’avoue que c’était un peu comme pour dire « Ok, je prends des vacances prolongées, mais c’est tout de même un peu sérieux ». Et finalement, sérieux ou pas, peu importe. Ce thème, c’est ce qui a donné un sens à mon tour. Chaque jour de cette aventure me rapproche un peu plus de ce qui a le plus d’importance à mes yeux : me sentir libre. Mais qu’est-ce que ça veut dire au juste ? J’ai posé la question à plus de 300 personnes sur ma route, je t’en partage aujourd’hui quelques témoignages.

En général, la question que je pose sur la liberté intrigue, et fait rire parfois. C’est souvent l’occasion de débats intéressants, de perspectives nouvelles, mais sache que je retranscris les mots tels qu’ils ont été prononcés par mon interlocuteur pour en conserver l’essence, sans me positionner. Si le thème est complexe, l’idée n’est pas du tout d’en faire une thèse, mais de découvrir ce que chacun ressent de manière personnelle, voire intime. Des paroles qui viennent du cœur et du vécu.

Parmi toutes les réponses qu’on m’a confiées, je dirais que trois concepts reviennent assez régulièrement :

  • l’amour, en particulier l’amour-propre ;
  • le choix, notre capacité à prendre des décisions ;
  • la conscience.

Au fil de ces témoignages, le plus frappant pour moi a été la spontanéité des personnes qui m’ont répondu, comme si elles y avaient pensé avant notre rencontre. Ils ou elles m’ont pour la plupart toujours répondu avec une telle aisance et une telle rapidité ! Je précise que, pour l’instant, j’ai posé la question en Amérique latine, d’où probablement le côté chaleureux. À voir si je nuance mes propos après l’Océanie et l’Asie…

De ton côté, as-tu déjà réfléchi à ce qu’est la liberté pour toi ?

Quelques pépites de liberté

Du Mexique à l’Australie, ce sont 305 locaux de 20 pays différents (et quelques voyageurs) qui m’ont livré leur ressenti sur le concept de liberté. Et le compteur continue de tourner… À noter que je pose la question après avoir échangé un peu, quand je sens une connexion. Je t’en livre en vrac quelques pépites qui m’ont marquées :

  • « La liberté, c’est l’état naturel de l’homme ». Julia, 32 ans, Valladolid (Mexique) ;
  • « Il n’y a pas de liberté. Les plus grands exploitent les plus petits, les plus riches exploitent les plus pauvres depuis la colonisation ». Ruven, 58 ans, Tikal (Guatemala) ;
  • « La liberté est une loi, la seule loi dans la vie : la liberté de penser, d’aimer, de jouer de la musique ». Luis, 34 ans, Palomino (Colombie) ;
  • « La liberté, c’est la cohérence entre ce que tu penses et ce que tu fais, l’alignement entre tes pensées et tes actes ». Claudia, 41 ans, Lima (Pérou) ;
  • « La liberté pour moi, c’est de m’asseoir au bord d’un lac avec un bon café ». Adolfo, 46 ans, Chaitén (Chili) ;
  • Instant mignonnerie : « Je ne sais pas ce qu’est la liberté… [Après réflexion] Ah si, la liberté serait d’avoir un chihuahua ». Cristofer, 8 ans, Santa Ana (El Salvador) ;
  • Lors de mon passage en France l’été dernier : « Je me suis toujours sentie libre. Pour moi, la liberté, c’est d’oser être qui on est ». Annie-Claude, 83 ans, Lille (France).

Oui, j’ai même posé la question dans ma propre ville. Comme tu le vois, c’est devenu une addiction. Sur ces quelques pépites, tentons une réflexion sur la fameuse question…

La liberté, c’est faire ce qu’on veut

Faire ce que je veux quand je veux. Voilà l’idée que j’avais de la liberté quand je suis partie en 2019, et la réponse qui revient le plus. Quand on demande à Robert (le dictionnaire), voici ce qu’il nous dit sur la liberté :

C’est donc, en effet, n’être ni esclave ni enfermé(e), et pouvoir faire ce que je veux quand je veux.

Sur la photo (prise par ma sœur venue me voir en Colombie), je discute avec Angela, 25 ans, sur l’île de Santa Cruz dans les Caraïbes. Pour info, c’est la plus densément peuplée du monde, à peine plus grande qu’un terrain de foot.

Tout en décortiquant ses crevettes, Angela m’a confié qu’elle se sentait libre, car il n’y avait « pas de police et pas de problème sur l’îlot ».

Une manière de me confier que les habitants font donc ce qu’ils veulent quand ils veulent, une certaine harmonie régnant sur leur lopin de terre. D’ailleurs, il est fréquent qu’on me parle aussi du respect de la liberté de chacun. Le fameux adage « La liberté des uns commence là où s’arrête celle des autres » pour illustrer un certain équilibre à trouver afin de pouvoir vivre ensemble en société.

La liberté, c’est se libérer de la pression

Et là, me revient le témoignage d’Augustino, 97 ans, qui reste jusqu’à maintenant le plus marquant pour moi. C’était sur une île aussi d’ailleurs, plus grande celle-ci : Cuba.

« Quand il y a de la pression, il n’y a pas de liberté. Si tu ne te sens pas sous pression, alors tu es libre ». C’était à Viñales au milieu des champs de tabac. On se balançait dans des rocking-chairs. Il ne pouvait plus marcher, mais dégageait une telle énergie.

C’est là que j’ai réalisé pourquoi le thème de la liberté me tenait tant à cœur. En réalité, je ne me sentais pas réellement libre quand je suis partie. Grâce au partage d’Augustino, j’ai compris le poids (et les conséquences) de la pression : de la part de la société, du temps qui passe, de la famille, même la propre pression que l’on s’inflige souvent inconsciemment.

Autre échange qui m’a beaucoup touchée à Cuba, avec Djamila, 32 ans, qui allait se marier avec un belge (mariage auquel j’ai d’ailleurs été invitée) : « La liberté, c’est de profiter de la musique et de danser. Car ici, il n’y a pas de liberté ».

Et puisque ce paragraphe est dédié à la pression, il me semble indispensable de préciser que la liberté d’expression n’est pas encore un droit acquis dans la plupart des pays du globe. Si c’est si évident chez nous, c’est une chance dont on n’a pas toujours conscience. On m’a souvent répondu aussi qu’il n’y a pas de liberté. Après tout, une question plus juste serait peut-être de savoir si la liberté existe vraiment ?

La liberté, n’est-ce pas finalement accepter les contraintes ?

Tu l’auras compris, ma conception de la liberté évolue au fil des rencontres et de mon voyage. Au fur et à mesure des discussions, je me suis moi-même régulièrement interrogée sur cette question que je pose sur la route. Mon idée a ainsi fait son propre chemin.

Peu après mon départ, j’étais persuadée que la liberté signifiait l’absence de peur. Je me disais que l’angoisse était un sacré frein à énormément de choses, et que si tu ne la ressentais pas, tu étais donc libre de faire quoi que ce soit. C’était probablement lié au fait d’avoir justement surmonté ma propre peur de partir. Je te partage d’ailleurs ici mon astuce contre la peur du voyage seule.

Ensuite, j’ai longtemps pensé que la liberté était finement liée à l’absence de pression (merci Augustino). À chaque nouvelle compréhension, je garde évidemment en tête tout ce que j’ai assimilé sur la liberté, un peu comme des poupées russes inversées où des définitions de la liberté viennent s’ajouter par couches, plus grandes, plus alignées.

Depuis quelques mois, je crois que la liberté, ce serait finalement de choisir ses propres contraintes. Cette fois, ça n’est pas lié à un témoignage en particulier. Mais quand j’ai senti que je tenais sûrement une nouvelle vision de la liberté, j’étais perplexe. Utiliser le mot contrainte pour tenter de définir la liberté, vraiment ? Ça me semblait être un non-sens, comme un oxymore.

Puis, l’idée cheminant, j’ai repensé à ce qu’était pour moi la liberté au départ. Et au risque de choquer ou de décevoir, je suis désormais convaincue que « faire ce qu’on veut quand on veut » est impossible. Trop utopique et déconnecté de la réalité. Je repense notamment à Marco, 46 ans, qui m’avouait à Salta, en Argentine, que pour lui, « la liberté est de vivre de manière autosuffisante sur le terrain que je viens d’acheter, à deux heures de marche dans la montagne ». C’est une voix possible bien sûr, mais non sans décision d’isolement extrême.

Partant du principe que l’on accepte de vivre en société, le monde est fait de contraintes, réglementaires par exemple, sociales et culturelles, économiques aussi. La vraie liberté serait probablement de choisir celles qui te conviennent, et de rejeter celles qui ne sont pas ok pour toi. Qu’en penses-tu ?

La liberté, c’est savoir qui on est

C’est le jour où j’ai décidé de me tatouer les 7 lettres de la liberté que j’ai reçu ce témoignage de Nicolas, 34 ans, manager du salon de tatouage à Melbourne, en Australie. « La liberté, c’est savoir qui tu es ».

Se connaître pour comprendre ce que l’on veut, ce que l’on ne veut pas, ce que l’on accepte ou non. Une liberté émotionnelle pour faire des choix en toute conscience, pour la vie que tu rêves de créer. En tout cas, après plus de cinq ans de voyage et de quête de liberté, je sais désormais qui je suis et me sens plus libre que jamais.

En somme, la notion de liberté me semble si subtile et tellement subjective. C’est justement cette touche personnelle qui m’intéresse et m’inspire dans chacune des réponses que j’ai eu la chance d’entendre. Chaque expérience de vie, si courte soit-elle, influence notre conception de la liberté.

Pour certains, la liberté rime avec sécurité, alors que pour d’autres, c’est en l’absence de repères qu’ils ou elles se sentent libres. La liberté peut se vivre entouré(e) ou coupé(e) du monde. Il y a probablement autant de définitions que d’individus sur cette Terre !

Si la liberté est directement liée à la relation que l’on entretient avec les autres, elle serait de manière plus profonde liée à la relation avec nous-même. C’est pourquoi la quête est sans fin, et c’est probablement là sa beauté. C’est pourquoi le tour (de la planète et de la question) est loin d’être terminé…

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