Tu pensais que j’étais partie en voyage sola, pourtant je vais te présenter Pedro, celui qui m’accompagne depuis le début de mon périple. Quand tu annonces que tu pars seule en Amérique du Sud, c’est la panique dans les yeux de ton interlocuteur, le malaise s’installe. Pour ne pas me laisser absorber par cette angoisse, j’ai choisi de déjouer la peur avec une touche d’humour. Je t’explique…
Tu pars seule en voyage ?
C’est la question qu’on m’a le plus posée avant mon départ. C’est aussi devenu mon sujet de discussion favori : partir en voyage seule, tout un programme. Mais, tu n’as pas peur ? Car oui, la solitude et la peur sont souvent associées lorsqu’il s’agit de voyage, surtout pour la gent féminine.
Quand tu annonces fièrement que tu pars à l’aventure en solitaire, tu lis la peur dans les yeux de tes interlocuteurs. C’est en tout cas ce que j’ai cru déceler très fréquemment. Parce qu’en plus, j’avais l’audace de dire que je partais en Amérique latine. Alors là, c’est la débandade de clichés, cette partie du monde ayant encore malheureusement très mauvaise presse.
Parce que tu sais, « il y a de la violence là-bas », et puis « avec Pablo Escobar et tout, tu imagines ? ». Bah non, je n’imagine pas encore vraiment, mais je sais qu’il est mort il y a 30 ans, donc la situation s’est probablement améliorée, non ?
À tel point que je finissais par ressentir moi-même une certaine angoisse et à me demander si c’était sérieux de partir comme ça. Alors, j’ai décidé de déjouer la peur ambiante. On dit que l’amour est l’antidote de la peur, je pense que l’humour peut l’être aussi. Dorénavant, quand on me demande si je voyage seule, je réponds que non, je voyage avec Pedro.
« Ah ouais, cool, c’est qui Pedro ?
– Mon sac à dos ! ».
Et là, on peut se détendre la nouille. Ça fait sourire, ciao la trouille.
La peur, c’est celle des autres
Le plus surprenant dans tout ça, c’est qu’aucune personne m’ayant demandé si j’avais peur de partir seule en Amérique du Sud n’y était elle-même allée…
D’où vient cette peur ?
Contrairement à la phobie, une réaction irrationnelle qui se joue du côté de l’inconscient, la peur est elle bien consciente, mais souvent infondée, ou au mieux fondée sur des idées reçues, le plus souvent relayées par les médias et le bouche-à-oreille. Si le premier cherche justement à effrayer, le deuxième est déformé par une répétition approximative des faits.
J’ai entendu dire une fois que c’était dangereux de partir seule en voyage. Se balader seule à Paris dans certains quartiers peut l’être aussi. De quoi a-t-on vraiment peur finalement ? L’inconnu fait flipper, tant le confort dans lequel on s’est installé est moelleux.
La peur paralyse, retient, nous freine dans notre élan (et nos rêves). Bien sûr, j’avais peur de l’inconnu, c’est la première fois que je partais si loin et si longtemps. En fait, je dirais plutôt que c’était de l’appréhension que je ressentais. Au fond, j’avais terriblement envie de partir et confiance en ce qui m’attendait.
Petite histoire vénézuélienne
J’ai envie de te partager ce que m’a dit un jour Miguel, un ami vénézuélien : « Mon pays a une sale réputation qui lui colle à la peau. Cette image, c’est 1% de la population qui l’alimente avec ses crimes atroces. Les 99% qui vivent tranquillement et ne demandent qu’à rigoler, on n’en parle jamais ».
Évidemment, il y a de l’insécurité, je ne prétends pas le contraire. L’Amérique latine est une terre de drames qu’on a pillée pendant des siècles. Toute sa force et sa beauté résident justement dans les racines qu’on n’a pas réussi à lui couper. Parlons plutôt de la Pachamama, de la musique qui fait danser le continent entier, des traditions ancestrales, et des 99% d’une population si accueillante.
Chaque pays d’Amérique latine a un passé (voire encore un présent) marqué par la violence aux niveaux historique et politique. Côté social et vie touristique, c’est autre chose. En tout cas, si la peur n’évite pas le danger, la prudence (et la confiance), nous en protège de façon plus saine.
En cinq ans d’aventure latine, ma seule mésaventure est le vol de mon porte-monnaie dans un bus, peu après mon départ. Quand j’y repense, je me dis que ça aurait pu être évité si j’avais été plus vigilante, erreur de débutante.
Un conseil : si tu as peur de passer à l’action, demande-toi si c’est la tienne ou celle des autres.
La solitude, la subir ou la choisir
J’annonçais plus haut que la peur est souvent associée à la solitude, pas seulement concernant le voyage d’ailleurs. Pour t’en parler, j’en ai cherché la définition : du latin solus, la solitude est l’état, ponctuel ou durable, plus ou moins choisi ou subi, d’un individu qui n’est engagé dans aucun rapport avec autrui. J’ai aussi cherché quelques synonymes de seul, le premier proposé est quand-même abandonné…
Je pense que ce qui fait peur est en réalité la solitude subie, celle où tu veux de la compagnie, mais Ô malheur, tu n’en as pas. En revanche, la solitude choisie peut être source d’épanouissement personnel. Plutôt que de produire de l’angoisse, elle génère au contraire de l’apaisement. L’attention n’est ainsi plus tournée vers l’extérieur, mais vers l’intérieur. C’est toute la différence entre être seul et être solitaire.
De quoi a-t-on vraiment peur finalement, des autres ou de soi ? Comme l’a si bien dit Neale Donald Walsch, écrivain américain : « Si tu ne vas pas à l’intérieur, tu vas en manque vers l’extérieur ».
Et l’escapade en solitaire, à l’autre bout du monde ou près de chez toi, est justement une occasion de s’octroyer des moments choisis de solitude. Pour écrire, lire, créer, danser, écouter la mer ou le silence. Couper le brouhaha extérieur pour entendre notre petite voix intérieure. Si j’ai toujours eu besoin de me retrouver seule, j’ai appris au fil des années à l’assumer et à le respecter. Ça fait partie du voyage… intérieur.
« En vérité, il n’y a que deux mots dans le langage de l’âme : la peur et l’amour. S’il y a de la peur, c’est qu’il n’y a pas d’amour. […] La peur empoigne. L’amour lâche prise ». C’est beau, hein ? C’est extrait d’une leçon du Dalaï-Lama.
Sinon, comme tu le sais, je suis arrivée en Australie en février dernier. L’occasion de renommer mon sac à dos. Appelez-le désormais Jack, mon backpack.
Si tu me découvres avec cet article de blog, voici les liens vers les réseaux sociaux et la newsletter pour en savoir + :
Je suis Marina Liberta, rédactrice exploratrice.
Depuis cinq ans et demi, je redessine la vie avec mes propres nuances de couleurs en faisant le tour de la planète. Après tout, la vie entière est un voyage pour celui ou celle qui a l’âme aventurière.